Citoyens de la planète contre redoutable Virus SARS-CoV-2
Elles, ils, vous, nous, elle, il, tu, je…
Nous avons peut-être en nous cette conscience de porter le poids d’une responsabilité collective devant ce que nous vivons en ces temps inédits, il y a trois mois invraisemblables, menaçants comme une vague de tsunami sanitaire, en ces temps de « guerre », comme l’on répète. Cette guerre du COVID-19, selon l’état actuel des connaissances et des possibilités thérapeutiques, nous ne la gagnerons pas vraiment, quoiqu’on en dise. En fait, elle s’achèvera naturellement, de sa propre mort. Mais nous devons lutter, et endiguer ce COVID-19 ! En France, grâce à notre système de santé de qualité, bien qu’écorné et étriqué à certains égards depuis 20 ans, nous nous défendons becs et ongles, en un ressaut sincère de qualité professionnelle, de civisme, d’altruisme. Nous entendons nos responsables politiques répéter « quoiqu’il en coûte », mais cette lutte a un prix lourd : qui le paiera, et aux dépens de qui ? A posteriori, et sans volonté de polémiquer en ce moment de tension majeure, il apparait dommage de ne pas avoir anticipé. Le VIH, Zika, Ebola, le SARS-Cov-1, étaient passés par là, tels des Attila ! Ces moyens de défense antivirale sont terriblement inégaux d’un bout à l’autre de notre planète malmenée. Ce qui est terrible ici, dans notre « vieille Europe », peut devenir dramatique et catastrophique plus au sud, particulièrement sur le continent africain, « là-bas, pas si loin ». Nous soulevons en ce moment, chaque jour, des questions urgentes : combien de gel hydro-alcoolique, de masques, de réactifs pour les tests de détection PCR, de scanners, de respirateurs artificiels et de réanimateurs, d’ampoules de morphinique et de benzodiazépine ? Mais dans bien des pays ces questions se poseront de façon aigüe, stridente, et ne trouveront que des réponses partielles et insuffisantes, au détriment de la population, par manque de moyens, notamment de soins primaires pourtant peu couteux, par manque de répartition des ressources, jusqu’au dénuement. Pourtant nous le savons, un état des lieux mondial est étudié, rédigé, décortiqué. De nombreux documents en attestent. Certains proposent des méthodes de résolution très bien conçues. Mais cela change-t-il vraiment sur le terrain ? Des êtres humains meurent sans soulagement, dans le silence d’émotions et de deuils impossibles : c’est insupportable. Des guerres, des terrorismes font rage ou éclatent. Des dictatures ne sont pas dénoncées, maintenues à cause d’intérêts privés et/ou privatifs : c’est inconcevable. Certains pays émergent, il est vrai, quelle joie ! D’autres restent pauvres malgré leurs richesses naturelles, souvent volées aux yeux de tous, par contraste avec un vide médiatique sidéral, avec en miroir un vide juridique international : qui protège qui ? Oui, nous avons laissé aller cette planète à vau-l’eau, à flot, à hue et à dia. Diable oui, nous prenons notre part de responsabilité à la cécité, à l’inéquité, à la satiété, à l’obésité, au diabète de nos sociétés dites développées. Nous nous sommes comportés envers Dame Terre, comme envers nos semblables, comme des prédateurs, et ainsi nous avons fait preuve d’une forme de violence. Peut-être une amertume dans la bouche ne nous quitte-t-elle pas, transforme-t-elle le goût de notre vie ? Cela pourrait être un petit malaise passager. Mais cette gêne n’abandonne pas certains d’entre nous, un vrai poil à gratter. Alors nous vivons avec cette démangeaison, nous la domptons et parvenons à l’oublier de temps en temps, à force de travailler, de nous occuper, de planifier, de courir après le temps. Dans le fond, c’est le propre de l’humanité, cette angoisse vitale. Nous nous efforçons de la dompter, en développant une belle capacité de dénégation, de cécité partielle, d’activisme… Les mots « progrès, développement, qualité de vie » correspondent bien à des réalités, veulent nous encourager à construire, produire, enrichir. Mais force est de constater, les droits de l’homme, les réputées « Liberté, Egalité, Fraternité », le lien social et solidaire, la protection des plus vulnérables, sont bafoués de jour en jour, partout sur la surface du globe, y compris dans notre pays. Notre monde est en mal d’équilibre, en quête de souffle, en comorbidités chroniques : la faim, la guerre, les extrémismes, les meurtriers feux d’artifice météorologiques, cette irréductible béance entre les pays du nord et les pays du sud…Maintenant surgit cette pandémie virale au COVID-19 sans précédent ! Nous tentons de garder les yeux ouverts devant cette Terre, de la regarder droit dans les yeux, et cela peut faire mal. De la honte, peut découler une contestation, une colère. Nous pouvons la garder en nous cette colère, résolument, la laisser se transformer si possible en une énergie qui recherche des synergies. Nous nous tournons vers autrui, et cela se produit. Par exemple, méditons sur des équipes géniales d’un service hospitalier, d’associations aux noms ou acronymes mystérieux dont Alliance, Ambre, PalliaAquitaine, SFAP, EAPC, ACA2, FAASP, HAF, HAU, FISP. Sans ce miracle, nous mourrions au sens figuré de dyspnée terminale, d’asphyxie, d’étouffement, de détresse respiratoire aigüe. Oui, comme ce patient agressé et menacé par le coronavirus du moment, nous avons besoin de réanimation, d’une équipe salvatrice, à l’instar de ces professionnels de santé chevaliers des temps modernes. Cette réanimation collective est toujours d’actualité et encore possible ! Refuser les exclusions, accepter autrui d’où qu’il vienne, donner de la place au différent même étranger, respecter la biodiversité de la nature, penser le développement durable. Voilà ce qui pourrait nous rendre plus forts ensemble en temps normal, et face à la virulence d’une épidémie qui pourrait frapper de nouveau. Durant cette crise sanitaire, un élan de générosité, un fort potentiel de mobilisation, un dynamisme partagé par la majorité, se révèlent plus larges et profonds qu’on ne l’imagine en temps calmes. Un espoir naît pour nos sociétés. Alors repensons demain, dès maintenant, après il pourrait être de nouveau trop tard ! Notre monde a tant besoin de tendresse, d’authenticité, de respect de l’humain, de tous les êtres vivants, de la nature toute entière. Mais qui va sauver la planète ?! Elles, ils, vous, nous, elle, il, tu, je… Benoît BURUCOA, le 28 mars 2020 Président d’ACA2 et FISP